Assurance marchandises transportées : les conséquences de la pandémie
Les mesures sanitaires strictes prises par les gouvernements en vue de limiter la propagation de l’épidémie de coronavirus ont eu un impact majeur sur la chaîne logistique mondiale. Les confinements successifs ont eu pour effet d’accroitre sensiblement les commandes sur internet et ainsi la demande de produits manufacturés, transportés essentiellement par voie maritime. Les dépenses habituellement allouées aux voyages et aux divertissements ont été redirigées vers le commerce en ligne (appareils électroniques, meubles, etc.). Cette hausse soudaine de la demande a eu pour conséquence de désorganiser le transport de marchandises dans sa globalité.
Flambée des prix du fret maritime
Cette demande accrue nécessite des espaces supplémentaires sur les navires, créant une pénurie de conteneurs. La demande de conteneurs a augmenté de façon exponentielle sans que la production de nouveaux conteneurs ne puisse suivre la cadence. L’augmentation de la production de nouveaux conteneurs en 2021 de l’ordre de 6 à 8 % se révèle très insuffisante pour endiguer ce phénomène de pénurie mondiale. Le prix du conteneur neuf a presque doublé en l’espace de quelques mois, passant en moyenne de 1 800 à 3 500 $ à la fin de l’année 2021. Les prix du fret maritime se sont en parallèle envolés. Ainsi, entre janvier 2020 et 2022, le prix moyen pour un trajet Shanghai-Rotterdam a été multiplié par 7. Les chaînes d’approvisionnement ayant été momentanément rompues en raison de la mise à l’arrêt de certains ports, notamment en Chine, la demande de cargaison s’est renforcée au moment de la reprise progressif du trafic maritime tout au long de l’année 2021. Cette situation aboutit à un engorgement des ports en raison d’importants arriérés cargaison, principalement dans les ports de la côte Ouest des États-Unis, premier importateur mondial. L’un des porte-paroles de la Bimco, la principale association de transporteurs maritimes au monde déclarait à l’AFP que : « les ports du monde entier s’engorgent car ils ne peuvent pas retourner les conteneurs et les navires assez vite, surtout dans des périodes comme celle-ci où les dockers travaillent sous l’impact du Covid-19 et des restrictions qui en découlent ».
Augmentation des risques pour les marchandises transportées
En ce qui concerne l’assurance marchandises transportées, les conteneurs mettent parfois plusieurs semaines à être déchargés, ce qui accroit substantiellement les risques, en particulier dans le cas du transport de marchandises sous température dirigée. La pression exercée sur les acteurs du transport maritime entraîne une augmentation des risques à plusieurs niveaux. D’abord, la pénurie de conteneurs favorise l’utilisation de conteneurs en mauvais état, présentant parfois des défauts apparents (trous, bosses, systèmes de verrouillage défectueux…). De ce fait, les risques de mouille des cargaisons s’en trouvent considérablement renforcés. Les expéditeurs de marchandises doivent recourir, sous la pression de leurs clients, à charger leurs marchandises sur des supports parfois totalement inadaptés (caisses, barils, conteneurs à ciel ouvert ou bâchés…). La nécessité de respecter les délais de livraison est propice à l’adoption de comportements risqués, la sécurité étant alors reléguée au second plan. Dans ce contexte d’urgence, l’entretien des unités frigorifiques est délaissé. Les conteneurs arrivent dans les ports avec peu de carburant en réserve et à des températures inadéquates.
De plus, la pénurie de main d’œuvre dans des ports complètement engorgés induit une surcharge de travail pour les employés ainsi qu’un déficit de surveillance, les rendant plus enclins à commettre des erreurs. Le facteur humain occupe ainsi une place prépondérante dans la survenance des sinistres à la marchandise.
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