Les conséquences de la guerre en Ukraine sur l’assurance marchandises transportées
La guerre en Ukraine a des répercussions considérables sur l’assurance transport. Certains assureurs ont préféré purement et simplement se retirer du marché russe à l’image des courtiers Marsh et Aon qui ont décidé de suspendre leurs opérations dans les pays concernés par le conflit. D’autres acteurs du marché acceptent à l’inverse de poursuivre leurs activités en proposant de couvrir des expéditions en mer Noire et en mer d’Azov à des prix jamais vus pour la région. Ainsi, les prix de la couverture contre les risques de guerre ont été multipliés par dix en l’espace de deux semaines en raison du classement au niveau maximal du risque en mer d’Azov. La mer d’Azov et l’Ukraine ont ainsi basculé au même niveau de risque que le Mali, la Syrie ou le Nigéria.
Les transports de marchandises qui pourront continuer à être assurés le seront en contrepartie de primes nettement réhaussées
Dès le début du conflit, les assureurs ont choisi d’opter pour une attitude prudente. Ils ont ainsi revu leurs conditions de couverture, en les suspendant dans un premier temps. Toutes les garanties couvrant les nouvelles expéditions avec des intérêts russes, ukrainiens ou biélorusses ont ainsi été immédiatement suspendues. Les transports de marchandises qui pourront continuer à être assurés le seront en contrepartie de primes nettement réhaussées. Ce conflit est d’autant plus dommageable qu’il touche une grande région productrice et exportatrice de matières premières, notamment agricoles.
Le marché français semble avoir un rôle important à jouer dans le maintien d’une offre d’assurance marchandises dans la région. Le groupement d’assureurs Garex, constitué sous la forme d’un groupement d’intérêt économique en 1980, est spécialisé dans l’assurance contre les risques de guerre maritimes. Le marché français est en effet capable d’apporter des solutions pour couvrir des risques spécifiques tels que les risques terroristes ou nucléaires. Le groupement dispose d’une des capacités les plus importantes du marché international, assurant les risques de guerre de près de 20% de la flotte de commerce mondiale.
Les conséquences néfastes sur l’assurance marchandises transportées
Même si pour le moment le nombre de sinistres déclarés en lien avec des expéditions en Ukraine semble ne pas avoir augmenté, l’on peut redouter un accroissement des risques liés notamment aux mines submersibles posées en mer d’Azov qui pourraient endommager les navires et leurs cargaisons. Depuis la Seconde Guerre mondiale, une offre spécifique d’assurance existe pour les risques liés au heurt par les navires de ce type de mines. Les conséquences néfastes de cette guerre sur l’assurance marchandises transportées risquent de se poursuivre sur le long terme.
En parallèle, la mise au ban de la Russie par les États occidentaux risque de fortement renforcer les tensions sur la chaîne logistique mondiale, déjà exacerbées par deux ans de crise sanitaire. Si la Russie s’expose à d’importantes pénuries, notamment sur les pièces détachées destinées à sa production automobile et aéronautique, nul doute que les effets de ces sanctions se feront ressentir dans les deux sens. Les trois plus grands armateurs mondiaux, MSC, Maersk et CMA-CGM, ont déjà annoncé la suspension des dessertes des ports russes. Même si une offre d’assurance spécifique subsiste, encore faut-il que les armateurs acceptent de desservir ces ports. Cette situation pourrait engendrer des effets néfastes en cascade sur le fret maritime. Près de 15% des marins opérant sur les navires porte-conteneurs sont de nationalité russe ou ukrainienne. Leur accès aux ports occidentaux risque ainsi de se voir bloqué. Un engorgement accru des ports d’Europe du Nord est à prévoir et aura pour conséquence d’accentuer l’envolée des prix du fret.
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